Un enjeu de taille pour les organisations
Au début des années 2000, le terme "digital" n’apparaissait dans le Top 5 des priorités des DG que dans 2,1 % des entreprises, c’est aujourd’hui le cas dans presqu’une entreprise sur cinq.
D'après le cabinet Robert Half, la performance est en tête des priorités 2020 pour 89 % des DAF. Elle dépendra essentiellement de la capacité à recruter des profils digitaux.
Dans un monde de plus en plus dominé par les données, qu’il faut acquérir le plus vite possible et dont il faut garantir la qualité pour prendre de meilleures décisions, les décideurs financiers et les experts-comptables sont en première ligne, car ils sont au cœur de la maîtrise des données.
Lors des universités d'été 2018 de l'Ordre des experts-comptables de Paris-Île-de-France, Hervé Gbego, expert-comptable et commissaire aux comptes, avait justement rappelé "en tant qu'expert-comptable, on a ce qu'il faut pour appréhender la donnée, et en tirer profit."Et lors de l’édition, qui s’est déroulée début septembre 2019, la maîtrise de la donnée a été considérée comme l’avenir de la profession comptable.
Les intervenants à la table-ronde sur ce sujet ont d’ailleurs insisté sur le fait que l’expert-comptable reste "le seul acteur économique qui détient autant de données statistiques et stratégiques sur une entreprise et son dirigeant. Nous parlons de données financières, mais aussi de données patrimoniales, économiques, sociologiques, technologiques et géographiques".
La digitalisation des cabinets d'expertise comptable et son cortège de nouvelles technologies constituent donc une opportunité majeure. C’est le cas, en priorité de la dématérialisation, mais également du Big Data, de l’analytique, de la RPA (Robotic Process Automation), sans oublier l’intelligence artificielle et les assistants virtuels. Toutes ces technologies ont un objectif transversal et universel : valoriser les données.
Le saviez-vous ?
Enfin, avec la transformation digitale, les professionnels de la finance font évoluer leur positionnement dans les organisations, dans la mesure où ils sont moins perçus comme des fonctions de Back Office et davantage comme des accompagnateurs des métiers. Réussir cette évolution est crucial, dans un monde où la croissance des données reste vertigineuse : selon IDC, la taille globale de la « Data Sphère » mondiale (il s’agit de toutes les données qui sont créées, collectées ou dupliquées à travers le monde) représente 33 zettabytes en 2018, contre moins de 10 en 2012. Elle atteindra 175 Zettabytes en 2025.
Les données financières n’échappent pas à cette surproduction de données, notamment parce que les obligations réglementaires incitent à conserver de plus en plus d’informations de plus en plus longtemps, parce que l’ergonomie des outils de Business Intelligence et de visualisation incitent à multiplier les tableaux de bord et parce que la transformation digitale accélère la dématérialisation et les volumes de données numériques. La donnée reste au cœur des processus : la facture dans la dématérialisation, les données structurées pour les modèles prédictifs, les libellés pour la classification de lignes comptables, les références produits dans les ERP…
D’ores et déjà, selon PWC, dans les directions financières les plus performantes, 75 % du temps est consacré à l'analyse des données. Selon une étude de Dresner Advisory Services, parue fin 2019, 40 % des directions financières vont s’équiper en solutions de Big Data en 2020, en particulier pour disposer d’informations en temps réel, s’aligner sur les besoins de pilotage et fiabiliser les données.
Le DAF 4.0 passe d'une fonction de finance pure à une fonction de gestionnaire d'un écosystème interne et externe.
François Lacas
Directeur des opérations adjoint, Yooz